Le choix des mots, rarement innocent

Publié le par Alq

Les mots sont rarement innocents. Encore moins en politique. Deux exemples:

 

Cotisations ou charges ?

 

L'Expansion souligne que "le patronat et la droite ont gagné une bataille idéologique en remplaçant le mot cotisations par le mot charges". Pour ce magazine économique, c'est une façon de discréditer notre système de protection sociale.

 

L'expression "charges patronales" laisse entendre que ce sont des cotisations sociales payées par les patrons, c'est-à-dire les propriétaires de l'entreprise. En fait, ces cotisations sont payées par l'entreprise elle-même.

 

Les vraies "charges patronales", ce sont les dividendes versés aux actionnaires. C'est autant de moins que l'entreprise peut investir pour son développement. Confondre l'entreprise et ses propriétaires, c'est sous-entendre que leurs intérêts sont les mêmes. L'attitude de certains investisseurs qui ne visent que la spéculation permet d'en douter fortement.

 

Enfant ou mineur ?

 

Thomas Legrand, de France-inter, signale de son côté la disparition du mot "enfant" du vocabulaire juridique, suite au vote des sénateurs (voir plus bas).

 

Le défenseur des enfants disparaît. Et on va supprimer le juge des enfants pour le remplacer par la justice des mineurs. Le mot enfant suggère l'irresponsabilité juridique, mais aussi l'innocence et la fragilité.

 

Mieux vaut donc dire que les services de M.Besson ont expulsé un mineur qu'un enfant, ça fait moins inhumain. Et l'agression d'une vieille dame par un mineur frappera plus l'opinion publique que si ont dit que l'auteur est un enfant.

 

Conclusion de Thomas Legrand: "C'est une razzia sémantique. On veut protéger nos enfants, mais on veut se protéger des mineurs délinquants. On oublie qu'au-delà des mots, ce sont les mêmes".

 

Rien à ajouter. 

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